Un modèle qui m’a demandé une réflexion plus poussée que de coutume.
Un type d’épée qui était à n’en pas douter, réalisé par des spécialistes à l’époque.
Il s’agit d’une grande épée à deux mains possiblement allemande de type flamberge (à lame ondulée), reproduction d’un modèle se trouvant au Muséum de Cleveland (USA) et daté entre l’an 1550 et
1600.
C’est une épée grâce à laquelle j’ai encore énormément appris.
Un modèle complexe et fascinant à réaliser.
Une épée très complexe qui m’a encore obligé à désapprendre ce que je pensais avoir appris.
J’aimerais pouvoir parler de toutes les techniques utilisées ici, mais l’article risquerait de faire 10 pages de plus. Je vais donc aller à l’essentiel.
Ces épées étaient apparemment souvent utilisées en ville pour le maintien de l’ordre et la
«garde-rapprochée ».
Ce modèle en particulier bien que très grand et plutôt encombrant reste très maniable.
Ceci n’est finalement pas très étonnant en voyant la longueur du bras de levier permis par la longue fusée et le long ricasso (environ 60 cm entre la main avant et la main arrière).
La sensation de tenir une lance quasiment mais avec les multiples possibilités que peut offrir une épée longue.
La longue lame (120 cm de longueur) est déjà un petit défi dans sa réalisation.
Historiquement, les larges crocs présents en bout de ricasso sont généralement rapportés/soudés à chaude portée au marteau sur la lame.
Ici, j’ai forgé la lame en un seul morceau (lame et crocs compris).
Les ondulations rapprochées comme ici sont aussi apparement historiquement obtenues par ponçage et non par forgeage. J’ai opté pour ce même mode de fabrication.
J’ai tenté de reproduire les mêmes ondes que celles présentes sur le modèle d’origine.
Notez la lame qui s'élargit très légèrement jusqu'à la pointe (une des caractéristiques de ces modèles).
La garde a été un deuxième défi pour moi car je souhaitais la réaliser en utilisant uniquement des méthodes historiques.
De ce fait, je l’ai forgé en 4 morceaux soudés à chaude portée au marteau comme on le voit en photo.
Ainsi deux fers au centre suffisamment espacés l’un de l’autre pour laisser passer la soie de la lame.
Ces deux quillons sont soudés directement aux deux autres fers sur les côtés (ces fers deviennent les deux futurs anneaux fermés par la suite en soudant les extrémités l’une sur l’autre à chaude
portée au marteau).
Les petites volutes sont coupées directement sur les bords de chaque quillons.
Ainsi, aucune soudure moderne n’a été utilisée. Uniquement de la soudure traditionnelle sans apport de matière.
Des méthodes qui m’intéressent depuis longtemps et me permettront peut-être peu à peu de travailler de la même manière sur les schiavona, basket hilt, rapières.
La longue fusée et le ricasso sont en tilleul recouvert de cuir artisanal collé à la gélatine de porc.
J’ai opté ici pour ce cuir artisanal en raison de son grain inimitable et de sa qualité bien supérieur par rapport aux cuirs au tannage végétal actuels modernes .
Des clous de laiton sont cloués en quinconces tout autour de la section.
Le pommeau est simplement forgé en ogive.
La lame, la garde et le pommeau sont entièrement forgés.
L’ensemble est entièrement poli à la main.
Quelques caractéristiques:
Longueur totale: 171 cm
Longueur de lame: 120 cm
Largeur de lame: 4,5 cm
Longueur de fusée: 45 cm (67 cm en comptant le ricasso)
Point d'équilibre à 13 cm de la garde.
Poids: environ 3100 grammes.