***English version / Version française***
Un gladius romain de Type Mayence forgé dans un lingot de fer de bas-fourneau datant du Ier siècle après J.C.
Le modèle de gladius qui m’a servi de base de travail a été découvert en 1993, à Lyon, place des Célestins et lors de fouilles préventives. Ce modèle est exposé au
Musée Gallo-Romain de Fourvières (Lyon).
Ce lingot a été trouvé dans le delta du Rhône par des archéologues il y a quelques années.
A l’endroit de la découverte se tenaient plusieurs bateaux chargés de plusieurs tonnes de ce fameux fer fabriqué dans la Montagne Noire (dans le Sud du Massif
Central).
Financièrement, ce fer ne vaut rien mais il est intéressant de pouvoir l'étudier de façon concrète. Il y a quelques années de cela, certains grands musées
d'Allemagne, qui avaient de très nombreuses lames d'épées damassées et en mauvais état, ont décidé de poncer et révéler à nouveau la structure de l'acier de ces lames afin de faire comprendre et
de faire connaître cette matière au Public. Il faut parfois "détruire" quelque chose pour comprendre.
Le fer archéologique que l'on retrouve déjà en très grande quantité dans quasiment tous les musées traitant de la période gallo-romaine, ce fer est stocké dans des
réserves ou bien encore au fond de l'eau.
"Faire et Défaire" ou l'Art de l'Essayeur: comprendre, apprendre et avancer.
C’est un gladius appartenant à la Typologie Mayence et il est daté entre -30 avant J.C. et l'An 0.
Lorsque l’on travaille ce type de matériau, les premières questions qui viennent à l’esprit sont: « par où commencer? » et « pour faire quoi? ».
En effet, il s’agit d’un métal d’un autre temps pour moi qui vit en Europe. Un métal que l’on a arrêté de produire en France à la fin du XIXème siècle.
Le lingot que j’ai travaillé est véritablement du fer, hétérogène certes dans sa composition, mais d’une très grande malléabilité et d’une très grande qualité à
forger. La matière s’étire très bien et sans craquelure aucune.
Bref, du métal brut, de haute qualité prêt pour être commercialisé à l’époque et être transformé en outil ou en arme.
Ici, on est face à une matière très loin de ces « besoins » ou plutôt « ENVIES » que l’on a à notre époque (c’est à dire, toujours plus loin, toujours plus
fort!).
Il s’agit d’une matière, très malléable, plus facile à forger que du fer pur moderne (0% de carbone). Un fer si malléable que l’on se demande si c’est le bon choix
pour la réalisation d’un gladius.
La réponse est: OUI!
Pour comprendre cette matière, il faut se remettre dans le contexte de l’Antiquité, ici, aux alentours de l’An 0. Les forgerons n’ont pas encore la maîtrise totale
des procédés d’affinages des loupes de bas-foyers, ni la pleine maîtrise des traitements thermiques.
Ces astucieux travailleurs du feu expérimentent toujours la matière, même sur le champ de bataille où beaucoup de lames de gladius ou spathas ont une structure qui
pourrait nous laisser perplexe même moqueurs à nous, vivant au XXIème siècle.
Ainsi, lames de gladius en fer mou, lames à un seul tranchant rapporté en fer mou d’un côté, lames avec un cœur réalisé avec un fer plus dur que les tranchants,
lames en fer sans carbone et trempées,… Tout cela est le quotidien des hommes d’armes à la bataille même si on retrouve parfois (rarement) des lames aux caractéristiques proches de ce qu’il est
possible d’obtenir avec un acier actuel.
Loin de nos aciers modernes parfaitement calibrés et aux rapports flexion/dureté astronomiques, ce fer mou, est pourtant dans la continuité du cuivre et du
bronze.
Une époque où le corps des combattants est loin d’être entièrement protégé par des plaques.
Une époque où il valait mieux une arme « molle » qui se tord plutôt qu’une lame « trop dur » qui casse.
Pour la réalisation de ce gladius de type Mayence, je suis parti sur une lame non pas trempée, mais écrouie par martelage afin d’en augmenter la rigidité au niveau
des tranchants, les rendre très tendus et plus résistants à la pliure lors d’un choc. Le résultat est assez bluffant, puisqu’il est possible de former un tranchant rasoir capable de produire de
profondes entailles, le but premier du gladius.
Bien entendu, ce fer, même écroui est loin de posséder la dureté d’un acier moderne de type C48, C70 ou C130, mais est-ce vraiment le but lorsque l’on tente de
reconstituer un objet d’un autre temps?… Je ne crois pas.
Nous (les forgerons) sommes souvent « à côté de la plaque » en reconstitution historique lorsque l’on recherche une dureté absolue, alors que les Anciens ne se
contentaient souvent que du nécessaire. Une arme qui nécessite un entretien régulier: rebattre le tranchant au marteau à la façon d’une faux, refaire le fil à la pierre, redresser la lame sur le
genou, bloquer la garde, la fusée ou le pommeau qui prend du jeu à l’usage, etc…
Pour en revenir à ce vieux fer (presque 2000 ans), il s’agit d’une matière qui parait presque « organique » lorsqu’on la travaille, elle semble comme vivante à la
manière d’un bois que l’on façonne à la plane et au rabot.
Descriptif:
Pour la réalisation de la lame, je suis parti de ce lingot de fer qui pesait environ 2500 grammes.
Je l’ai d’abord étiré pour ensuite le replier et le souder plusieurs fois sur lui-même.
J’ai par la suite forgé le lingot final sur chant afin de voir apparaître la structure bien en ligne sur le plat de la lame.
J’ai forgé la lame au plus près au marteau en finissant à froid afin de tendre la structure et rigidifier l’ensemble.
Dessus j’ai ensuite effectuer un ponçage minimum car je n’avais pas beaucoup de matière. De ce fait, certaines lignes de soudures sont encore visibles.
La lame est à section plate et en losange. Elle possède une pointe très effilée et au tranchant rasoir.
Garde en ébène guilloché avec mitre en laiton incrustée.
Poignée réalisée en os de boeuf (métacarpe). Elle est collé à la colle d’os et bloquée à l’aide de 6 cales en chêne.
Pommeau en ébène guilloché avec une rosette en laiton.
L'ensemble est entièrement poli à la main.
Quelques caractéristiques:
Longueur totale: 69 cm
Longueur de la lame: 55 cm
Largeur de la lame au talon: 6 cm
Épaisseur de la lame au talon: 5 mm
Longueur de la fusée: 9 cm
Point d'équilibre situé à 11,8 cm de la garde
Poids: environ 740 grammes
This is a Roman Gladius forged in a bloomer iron dating from the first century AD.
This ingot was found in the Rhone delta by archaeologists a few years ago.
At the place of discovery stood several boats loaded with several tons of iron produced in the famous Black Mountain (in southern Massif Central, in
France).
In the Rhone, one counts several hundred tons in total had me tell the archaeologist. "Do and Undo" or the Art of Assayer: understand, learn and move
forward.
The model gladius which served me as a working basis was discovered in 1993 in Lyon « Place des Célestins » and during preventive excavations. This model is exposed
to the Gallo-Roman Museum in Fourvière (Lyon).
It is a belonging to the Mainz gladius Typology and is dated between -30 BC - An 0.
When working this type of material, the first questions that come to mind are: "Where to start?" and " for what? ".
Indeed, it is a metal of another time for me who lives in Europe. A metal that was stopped producing in France in the late nineteenth century.
The ingot I worked really is iron, certainly heterogeneous in its composition, but in a very malleability and a high quality forge. The material stretches very well
and without any cracks.
In short, the raw metal, high quality ready to be marketed at the time and be converted into a tool or weapon.
Here, I am facing a matter far these "needs" or rather "DESIRES" that we have in our time (farther and farther, always stronger!).
This is a material very malleable, easier to forge as modern pure iron (0% carbon). An iron malleable that one wonders if this is the right choice for achieving a
gladius.
The answer is yes!
To understand this matter, we must put in the context of ancient times, here, around New Year 0. The blacksmiths have not yet full control methods for refinements
of bloomery produce or full control of heat treatments.
These clever fire workers are still experimenting with the material, even on the battlefield where many gladius blades or spathas have a structure that could leave
us perplexed even mocking us, living in the twenty first century.
So gladius blades soft iron, blades single-edged reported on one side, blades made with a harder heart than edge made with soft iron, carbon-free iron and hardened
blades, ... All this is the daily men the battle of weapons even if sometimes found (rarely) blades with similar characteristics of what is possible with a modern steel.
Far from modern steel and perfectly calibrated astronomical flexion / hardness ratios, this soft iron is nevertheless in line of copper and bronze.
A time when the body is fighting far from being fully protected by plates.
A time when it was better a weapon "soft" rather that a blade buckle "too hard" that breaks.
For the realization of this type of Mainz gladius, I went on a not hardened blade, but hardened by hammering in order to increase stiffness at the edges, make them
very tense and more resistant to bending during a shock. The result is stunning, since it is possible to form a sharp razor capable of producing deep cuts, the first goal of the
gladius.
Of course, this iron, even hardened is far from possessing the hardness of a modern steel type C48, C70 or C130, but is this really the goal when trying to
reconstruct an object from another time? ... I do not believe.
We (blacksmiths) are often "off the board" in pageant when seeking absolute hardness, while the ancients often contented as necessary. A weapon that requires
regular maintenance: hammer reshuffle the edge in the manner of a scythe, straighten the knee, redo the wire to the stone, hang the custody, handle or knob that takes the moves to use, etc
...
Going back to the old iron (almost 2000 years), it is a matter that seems almost "organic" when it is working, it seems like living in the manner of a wood that is
shaped to the flat and plane.
Description:
For the realization of the blade, I worked the iron ingot weighing about 2,500 grams.
I first stretched and then fold it and weld it several times himself.
I later coined the final ingot on edge to see the show well in line structure on the flat of the blade.
I coined the blade closer to the hammer finishing cold to tension the structure and stiffen the assembly.
Above I then make a minimum sanding because I did not much matter. Therefore, some weld lines are still visible.
The blade section is flat and rhombic. It has a very sharp point and razor sharp.
Ebony engraved made of ebony, miter inlaid with brass.
Handle made of buffalo bone. It is adhered to the bone glue and secured using 6 blocks of oak.
Pommel engraved made of ebony, rosette with brass.
The set is completely hand-polished.
Some features:
Total length: 69 cm
Blade length: 55 cm
Width of the blade heel: 6 cm
Thickness of the blade heel: 5 mm
Length of the handle: 9 cm
Balanc point at 11.8 cm in custody
Weight: about 740 grams