•Reproduction d'un fauchon, d'après un modèle original exposé au Royal Armouries, courant du XVème siècle•

Reproduction/interprétation d’un célèbre fauchon du Royal Armouries, du Type 3C-0 à monture F, Typologie Elmslie.
Un modèle courant XVème siècle.
Il s’agit pour moi d’un nouveau tournant dans mes travaux d’études de la Matière à l'heure où j'écris ces lignes.
En effet, réaliser une telle lame n’a pas été de tout repos pour moi et j’avoue que je ne sais pas si j’aurais su la réaliser de cette manière un an plus tôt!
Avec une lame à pans concaves, seconde petite lèvre destinée à l’aiguisage, gouttière, et contre tranchant, le tout forgé l’aide d’un acier dur de bas-fourneau artisanal, j’avoue que sur ce coup, c’était une chouette aventure d’apprentissage pour moi.
La lame bien que trempée intégralement voit sa dureté évoluer sur sa section au sortir de l’eau de trempe avec une dureté dépassant les 64 Hrc au tranchant (brute de trempe).
En effet, la pleine dureté est obtenue sur 1/3 de la largeur (dureté d’environ 55 Hrc sur le fil après revenu), le dos de la lame restant aux alentours des 48 Hrc pour un bon effet ressort.
De ce fait, une discrète ligne de trempe apparaît le long du tranchant principal.
Ces caractéristiques mécaniques très intéressantes ne peuvent être obtenues (en pleine trempe) qu’à l’aide d’aciers artisanaux de ce type dont la trempabilité reste assez faible comparativement aux aciers industriels modernes qui prennent la trempe juste en les regardant!
Garder une courbure proche de l’originale était également un gros défi technique.
J’en ai bavé car je n’avais pas droit a l’erreur et pas le droit de poncer la courbe après trempe pour rectifier et se rapprocher de l’originale sinon, la dureté s’en va. Il faut que ça marche du premier coup !
La garde est forgée dans une barreau obtenu en mélangeant de petites chutes de fer assemblées pour l’occasion.
On y retrouve également un peu de phosphore dedans ce qui permet à l’ensemble de garder une bonne rigidité malgré la finesse des quillons. Cette garde est forgée en une seule pièce de fer comme on peut le voir sur le modèle original. Un autre défi pour moi avec ce type de matériau.
La fusée est en chêne d’Ardèche, collé sur la soie à l’aide d’une colle artisanale faite à base de résine de pin.

Le bois est ensuite recouvert de cuir de veau artisanal (matériau préconisé dans certaines ordonnances au XVème siècle).
Ce cuir est coloré à l’aide d’un brou de noix artisanal à partir des noix brutes.
Il est collé à l’aide de gélatine de porc bio et il était tenu lors du séchage par une cordelette de lin fabriquée en Ardèche!
Pommeau à profil de bec forgé dans le même bloc que celui qui m’a servi pour la garde.
Le phosphore présent dans la garde et le pommeau (en plus d’augmenter la rigidité) diminue un peu le risque d’oxydation de surface à l’usage).

La lame, la garde et le pommeau sont intégralement forgés en fer et acier de bas-fourneau artisanal.

L’ensemble est poli à la main (poli miroir, difficile à photographier)
Tranchant rasoir comme le préconisent certaines ordonnances du XVème siècle également.

Pour finir, il s’agit pour moi d’un très gros travail de recherche et de travail sur la matière brute.
Difficile de se rendre compte de cela uniquement d’après ces photos.
Une fois de plus, j’ai appris plein de nouveaux trucs que je n’ai pu observer que sur les pièces que je fabrique à l’aide de matières artisanales: fer/acier, cuir, colles, colorants, etc… tout me semble tellement éloigné de ce que produit l’industrie et ça c’est trop cool.
C’est quelque chose de très précieux pour moi.

Quelques caractéristiques:
Longueur totale: 81 cm
Longueur de la lame: 68,5 cm
Largeur de la lame: 4 cm
Longueur de la fusée: 7,5 cm
Point d’équilibre situé à 10,5 cm de la garde
Poids: environ 900 grammes